D’après l’étude sur le développement de la cryptomonnaie et des activités relevant du système de Ponzi au Cameroun, présentée le 24 août dernier à Yaoundé, le pays compte à ce jour près de 900 000 utilisateurs de cryptomonnaies, soit 6,76% de la population active. Ce qui place le Cameroun au 11e rang africain d’utilisateurs de cryptomonnaies, classement dominé par le Nigeria (22,33 millions d’utilisateurs).
« Ce nombre s’est fortement accru depuis la crise de la covid-19, car l’utilisation de cette monnaie ne nécessite pas de déplacement », précise la présentation faite par Éric Pokem, sous-directeur des changes et des transferts à la direction de la coopération financière et monétaire (DCFM) du ministère des Finances (Minfi).
L’étude, dont la périodicité n’est pas précisée dans la présentation, a été menée au moment où plusieurs entreprises supposées exercer dans la cryptomonnaie (monnaie numérique émise de pair-à-pair, sans nécessiter de banque centrale, utilisable au moyen d’un réseau informatique décentralisé) ont fait faillite après avoir arnaqué leurs clients. Il s’agit notamment de Mida, Mekit Invest, Chymal, Liyeplimal. Ces entreprises sont accusées de mettre parallèlement en place un système de Ponzi qui est un montage financier frauduleux consistant à rémunérer les souscripteurs non pas par le fruit des investissements ou des placements, mais par les fonds procurés par les nouveaux clients.
L’enquête de terrain a porté sur 18 entreprises offrant « les services de cryptomonnaie » et sur 1872 agents économiques effectuant les placements dans ce domaine. Il en ressort que leurs activités concernent globalement les conseils en investissement sur les marchés financiers, l’achat, la vente en ligne et la gestion des portefeuilles des cryptoactifs. Les investissements dans la cryptomonnaie proprement dite concernaient uniquement Global Investment Trading (GIT), détenteur de Liyeplimal, dont les adhérents étaient estimés à 90 000 pour cette activité en 2021.
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De manière générale, poursuit l’étude, les investisseurs ont des revenus moyens ou bas, seulement 4,9% de la population ont un revenu mensuel supérieur à 500 000 FCFA. La moyenne d’investissement d’un client dans la cryptomonnaie est de 1600 dollars, soit environ 800 000 FCFA, tandis que la moyenne des dépenses de rémunération d’un client est de 300 dollars, environ 150 000 FCFA par semaine. L’enquête relève aussi que des usagers accordent très peu d’intérêt à l’encadrement juridique de ces activités et un peu plus de 57% estiment avoir connaissance des risques encourus (arnaque, vol, faillite, etc.).
Dans le nouveau règlement régissant le marché financier commun au pays de la sous-région (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad), entré en vigueur le 1er août 2022, les notations d’« actifs numériques » et de « jetons numériques » sont apparues. Mais ce cadre réglementaire élaboré par la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) reste insuffisant. L’étude recommande donc de saisir la Cosumaf à l’effet de clarifier les termes « jetons numériques et actifs numériques » et d’accélérer la finalisation du statut des Prestataires des services numériques (PSAN) en concertation avec les autres régulateurs de la Cemac.
Pour réguler la cryptomonnaie dans la sous-région, il est aussi proposé d’identifier parmi les entreprises exerçant dans la cryptomonnaie, celles qui mixent avec le système Ponzi et de les fermer immédiatement, de mettre en place une plateforme multisectorielle (Minfi, Beac, Cosumaf, Antic, Minpostel) de veille sur les activités de la cryptomonnaie et d’étudier la possibilité de l’introduction dans la zone Cemac d’une monnaie numérique de banque centrale.
avec Frédéric Nonos