Accueil » Blog » Créer des applis sans coder : Fantasme ou réalité ? Amazon annonce la fermeture de sa plateforme no code dénommée Honeycode

Créer des applis sans coder : Fantasme ou réalité ? Amazon annonce la fermeture de sa plateforme no code dénommée Honeycode

Microsoft a prédit que 500 millions d’applications informatiques doivent être mises sur pied entre 2020 et 2025, soit beaucoup plus que ce qui a été réalisé en 40 ans par des travailleurs traditionnels de la filière. En toile de fond, c’est l’annonce d’une pénurie ; c’est-à-dire qu’il y aura plus de programmes informatiques à mettre sur pied que de personnes disponibles pour faire le travail. C’est dans cette mouvance qu’Amazon a lancé sa plateforme no code dénommée Honeycode en 2020. Trois ans plus tard, l’entreprise annonce la fermeture du service. Un bide qui n’est pas sans faire penser à celui de Google avec la fermeture de sa plateforme low code App maker 4 ans après son lancement. Le no code ou low-code est-il le futur de la filière programmation de logiciels comme annoncé par certains acteurs ? Ou juste de la poudre de perlimpinpin ?

Le low-code est susceptible de remplacer le codage traditionnel d’ici 2024. C’est ce qui ressort d’une étude de Mendix, un éditeur de solutions low-code. Les tendances mises en avant viennent raviver le débat sur l’avenir du métier de développeur. En effet, qui dit low-code dit entrée en matière croissante de développeurs citoyens, c’est-à-dire de tiers qui ne sont pas des spécialistes de l’informatique au détriment de ceux qui le sont. De récentes données de l’Organisation Internationale du Travail renforcent la prédiction de Mendix : les programmeurs d’applications font partie des professionnels les plus susceptibles d’être remplacés par l’intelligence artificielle.

ChatGPT a réussi à l’édition 2022 de l’examen d’informatique pour élèves du secondaire désireux d’obtenir des crédits universitaires US. Un internaute a proposé une compilation des réponses proposées par le chatbot après avoir souligné que l’intelligence artificielle a pris 32 points sur les 36 possibles. ChatGPT a en sus réussi l’examen de codage Google pour un ingénieur de niveau 3 avec un salaire de 183 000 $. Ce sont des raisons pour lesquelles certains observateurs sont d’avis que les travailleurs de la filière du développement informatique sont menacés par l’intelligence artificielle. Emad Mostaque, PDG de Stability AI en fait partie et prédit qu’il n’y aura plus de programmeurs dans 5 ans.

« C’est un fait : 41 % de tout le code informatique sur GitHub est généré par une intelligence artificielle. ChatGPT est déjà capable de passer un examen de codage pour ingénieur de niveau 3 », souligne Emad Mostaque avant d’ajouter « qu’il n’y aura pas de programmeurs humains dans 5 ans. »

« N’importe qui pourra créer des jeux vidéo grâce à l’IA », selon le propriétaire de la forge FRVR. De quoi penser qu’on n’aura plus besoin de programmeurs et même des développeurs ?

Le propriétaire de la plateforme de distribution de jeux vidéo FRVR déclare sans détour : « Tout le monde peut créer des jeux vidéo. » Illustration avec l’échantillon de jeu Space Aliens à propos duquel il déclare dans un débat contradictoire : « Il n’a fallu que 8 minutes pour le réaliser et 8 minutes supplémentaires pour la gestion du côté artistique. »

e type de production s’appuie sur la forge FRVR à propos de laquelle le propriétaire déclare : « Elle permet à quiconque de créer des jeux juste en les décrivant. L’objectif est de mettre sur pied une plateforme où créer, jouer et partager des jeux est aussi facile que d’enregistrer, de regarder et de partager des vidéos sur des plateformes telles que TikTok et Instagram. » Une démonstration (d’une dizaine de minutes) des possibilités offertes par la plateforme est disponible. Elle montre les étapes de l’implémentation d’un jeu de tir spatial en s’appuyant sur ladite forge.

L’architecte logiciel Jay Little est d’avis que les professionnels du développement resteront incontournables

« J’écris des logiciels personnalisés depuis longtemps et l’une des choses qui m’agacent le plus, c’est lorsqu’un client adopte la position selon laquelle il existe une solution miracle qui réduira ou supprimera la complexité inhérente à cette tâche. Cela arrive plus souvent qu’on ne le pense et devinez quoi ? Ils ont presque toujours tort.

Peut-être suis-je un peu trop vieux et trop lâche pour mon propre bien, mais la vérité est que la création de logiciels pour d’autres personnes est extrêmement difficile. Contrairement à ce que pensent les non-praticiens, cette difficulté n’est pas imputable aux langages, outils et paradigmes de codage. Elle résulte en fait du fait que les clients et les développeurs ne prennent pas le temps de comprendre les causes profondes des problèmes qu’ils veulent résoudre et ne conçoivent pas une solution en fonction des conclusions que vous tireriez de ce processus.

Il ne suffit pas de coder l’outil tel qu’il est spécifié par le client. La première étape avant de commencer à coder est de valider l’existence et les détails du problème lui-même. La plupart des projets de codage sont lancés après que le client s’est rendu compte qu’il avait un problème et qu’il a décidé de demander un code qui, selon lui, le résoudra. En réalité, la plupart des clients ne sont pas des professionnels de la résolution de problèmes, alors que c’est précisément ce que font les développeurs de logiciels. Il nous incombe donc de valider l’approche suggérée par le client avant de lui faire perdre son temps et son argent en la développant », explique-t-il pour souligner que faire du développement informatique ce n’est pas pisser du code.

En gros, le low-code ne saurait faire disparaître les développeurs. Par contre, ce sont des outils qui leur sont destinés afin qu’ils gagnent en productivité. La question de leur adoption divise néanmoins dans le milieu sur des aspects comme la maintenance des logiciels produits à partir d’outils low-code.

https://www.youtube.com/embed/ipnsBmkM6fY?wmode=transparent&fs=1
L’architecte logiciel Hosk liste des raisons techniques additionnelles pour lesquelles les professionnels du développement resteront à la baguette

Le cauchemar de la maintenance des logiciels low-code

Selon Hosk :

  • la création d’un logiciel est rapide, mais la maintenance dure des années et est plus coûteuse ;
  • les logiciels créés par des développeurs citoyens vont créer une dette technique à grande échelle ;
  • la création de nombreuses petites applications va créer un cauchemar de maintenance au sein de la filière informatique ;
  • les frais généraux de maintenance ne cesseraient d’augmenter : « C’est comme si vous deviez maintenir des centaines de feuilles de calcul Excel avec des formules, un mauvais nommage, aucune cohérence et peu de documentation » ;
  • les outils de développement low-code devraient être maintenus par des personnes compétentes en matière de low-code, qui se spécialiseraient dans ces compétences. Les équipes informatiques devraient se perfectionner dans les outils de développement low-code, ce qui augmenterait les coûts.

Hosk estime que les outils de développement low-code sont excellents pour créer de petites applications indépendantes, mais ils ont du mal à répondre aux exigences complexes : « À moins que le monde ne s’oriente vers des exigences simples, les logiciels low-code ne remplaceront pas 80 % de tous les logiciels créés. Le pouvoir du code est de créer des logiciels complexes conçus pour fonctionner exactement comme les entreprises et les systèmes le souhaitent. Il sera donc difficile de créer des logiciels complexes avec de nombreux développeurs travaillant en même temps avec des outils low-code. »

Les problèmes de sécurité et de données liés au low-code

Hosk est d’avis que pendant que les services informatiques se familiarisent avec les nouveaux outils low-code, il y aura des violations majeures de la sécurité parce que personne n’a compris comment verrouiller les outils de développement low-code. En sus, il faut du temps pour comprendre les nouveaux outils et créer les meilleures pratiques pour s’assurer qu’il n’y a pas de failles de sécurité ou de problèmes de données. La puissance des outils low-code serait que vous pouvez vous connecter aux médias sociaux comme Twitter, Facebook et d’autres systèmes et les données de l’entreprise peuvent se retrouver sur Internet.

Le low-code et le battage médiatique

Hosk entrevoit une explosion de la création d’applications low-code, mais aussi une augmentation de la demande de professionnels pour les besoins en maintenance et formation. Le développement low-code ne signera-t-il pas la fin des développeurs ou du code selon ce schéma : augmentation de la popularité, création de nombreux logiciels low-code ; problèmes de maintenance des logiciels low-code ; les développeurs créeront des centres d’excellence et guideront les développeurs citoyens vers les meilleures pratiques ;

le low-code sera utilisé pour de petites applications, pas pour tout le développement de logiciels exigeants.

Selon Hosk, les compétences des développeurs ne se limitent pas à l’écriture du code. Les développeurs sont des professionnels ayant des années d’expérience et de bonnes pratiques conçues pour créer des logiciels faciles à maintenir. Par contre, les développeurs citoyens et les équipes informatiques devraient constater que les logiciels low-code créés par des développeurs citoyens seront difficiles à prendre en charge, à maintenir et à étendre. C’est la raison, selon l’architecte logiciel, pour laquelle la révision du code par des développeurs expérimentés existe. Cela empêche la création de code de mauvaise qualité :

« Vous pouvez donner des outils de bricolage aux gens, mais cela ne fait pas d’eux des experts en bricolage, comme le montrent de nombreuses améliorations de la maison. Les améliorations apportées à la maison par des développeurs citoyens fonctionnent à court terme, mais il s’agit de lacunes à court terme qui finissent par être corrigées. »

Enfin, Hosk pense que les développeurs de logiciels ne seront pas remplacés, mais ils devraient être recyclés pour utiliser des outils low-code pour créer des logiciels : « Pour que les outils low-code soient efficaces, ils devront être créés en utilisant les meilleures pratiques, le déploiement, les revues de code et d’autres activités des développeurs professionnels. Le développement de logiciels low-code continuera à se développer, mais les exigences complexes et les grands systèmes dépasseront les capacités des outils low-code. À l’avenir, les outils de développement low-code créeront jusqu’à 50 % des applications et les solutions seront un mélange de low-code et de code. »

Des avis qui rejoignent celui du CEO de GitHub selon lequel « l’humain restera l’expert qui contrôle les productions de l’intelligence artificielle »

Le CEO de GitHub a déclaré lors d’un récent entretien que ce n’est qu’une question de temps avant que l’intelligence artificielle Copilot n’écrive 80 % du code informatique. Sa sortie de nature à être interprétée comme une annonce de la possible disparition du métier de développeur s’est avérée être une occasion de faire un recadrage : « Cela ne veut pas dire que le développeur sera mis de côté. »

Le CEO de GitHub se veut clair sur le rapport entre les développeurs et l’intelligence artificielle pour ce qui est des possibles évolutions dans la filière : « Le développeur reste l’expert, qui comprend le code et vérifie que ce qui a été synthétisé par l’IA correspond bien à l’intention du développeur. »

« De nos jours, les développeurs ne passent pas la majeure partie de leur temps à coder – entre deux et quatre heures par jour sont consacrées à l’écriture du code. Le reste de la journée, ils font d’autres choses, comme des réunions, des rapports de crash. Avec Copilot, si vous ne disposez que de deux à quatre heures par jour pour coder, vous pouvez mieux utiliser ce temps. Vous pouvez utiliser ce temps pour rester dans le flux, pour faire le travail et prendre plaisir à le faire », ajoute-t-il pour ce qui est de la charge de travail journalière.

Les grandes entreprises technologiques multiplient néanmoins des efforts susceptibles de provoquer la disparition du métier de développeur dans le futur

« ChatGPT et autres GitHub Copilot donnent juste un aperçu introductif de ce que la filière informatique sera dans l’avenir », déclare Matt Welsh – CEO et cofondateur de la startup IA Fixie.ai.

« Les assistants de programmation tels que CoPilot ne font qu’effleurer la surface de ce que je décris. Il me semble tout à fait évident qu’à l’avenir, tous les programmes seront écrits par des intelligences artificielles, les humains étant relégués, au mieux, à un rôle de supervision. Quiconque doute de cette prédiction n’a qu’à regarder les progrès très rapides réalisés dans d’autres aspects de la génération de contenu par l’intelligence artificielle, comme la génération d’images. La différence de qualité et de complexité entre DALL-E v1 et DALL-E v2 – annoncée seulement 15 mois plus tard – est stupéfiante. Si j’ai appris quelque chose au cours de ces dernières années à travailler dans le domaine de l’IA, c’est qu’il est très facile de sous-estimer la puissance de modèles d’IA de plus en plus grands. Des choses qui semblaient relever de la science-fiction il y a seulement quelques mois deviennent rapidement réalité.

Je ne parle pas seulement du fait que CoPilot de Github de remplacer les programmeurs. Je parle de remplacer le concept même d’écriture de programmes par des agents d’intelligence artificielle dédiés. À l’avenir, les étudiants en informatique n’auront pas besoin d’apprendre des compétences aussi banales que l’ajout d’un nœud à un arbre binaire ou le codage en C++. Ce type d’enseignement sera dépassé, comme celui qui consiste à apprendre aux étudiants en ingénierie à utiliser une règle à calcul », prédit-il.

https://www.youtube.com/embed/OnYJXm9NvyA?wmode=transparent&fs=1
Source : Amazon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *